La Source Eternelle

- Poésie, par Suzanne Schwartzkopff -

 

Agenouille-Toi, Ami Lecteur, en la plus fervente Adoration dont Tu sois capable, pour lire la Description suivante, car, grâce à elle, une possibilité T’est offerte de T’approcher un peu plus de la Sainteté de la Source éternelle et donc de Celui Qui La fait jaillir…

 

Une Source existe Là-Haut, dans les Hauteurs éternelles où seule, l'Intuition pressentie peut se hisser sur les ailes d'une ardente Nostalgie.  éternel, bruisse et afflue en elle un Flux qui ne s'épuise jamais et n'a jamais de fin. Son Eau claire se déverse dans une brillante Coupe de Cercles transparents.  En elle jaillit la Source pure. Elle bouillonne et ondoie, sans jamais déborder.

Surélevée, la Coupe se tient sur de blanches Marches, qui la rendent visible de loin. Un resplendissant éclat, d'une pureté et d'une intensité sans pareilles, la voile et la protège.  Elle est surveillée par de vigilants Gardiens.  Agenouillés, ils entourent la Sainteté de l'éternelle Source, dans Laquelle la Vie se renouvelle en permanence.

Fleuve de Lumière, Sainte Main paternelle de Dieu, c'est Ce que doit recueillir la coulante Source, Torrent d'Amour, Torrent de Force.  Puissante comme le grondement de la mer, pulsante comme le Torrent de Vie dans toute la Création, tintante ainsi qu'une Glorification et une Jubilation de l'Adoration, rayonnante dans l'Or et l'éclat blanc, ainsi de la Main de Dieu flue la Vie dans la Coupe qu'Il a choisie pour être le Calice de Son Cadeau d'Amour à toutes les créatures.

Elle se forme ainsi qu'un Bouquet de Fleurs, qui, brusquement, s'entrouvre, lorsque l'atteint le chaud Rayon de la Lumière. Elle est tenue par l’Adoration reconnaissante des créatures qui doivent recevoir en elle le Flux de l'Amour Divin.  Elle dure pour toute l’éternité, car jamais ne cesseront, dans les Hauteurs éternelles, l'Adoration et le saint Recueillement, dans l'acceptation des Dons de Dieu.

Les Gardes les plus purs veillent sur le Saint Vase.  En Cercle, ils se tiennent à distance, l'un auprès de l'autre, de Degré en Degré, en descendant vers la Création. Seul, le Cercle intérieur, à genoux, le regard fixé sur la pulsante Vie de la Source éternelle, est en Adoration, témoignant d'un ardent Attachement.  Les autres se tiennent le regard tourné vers l'extérieur, l'épée à la main et le bouclier au bras.

Les Torrents de Lumière se déversent sur tous les Gardiens, les traversant, les animant, les fortifiant pour une Garde plus fidèle, ouvrant leurs yeux plus largement et avivant leurs voix, afin de pouvoir chanter et louer le Plus-Haut comme le Dispensateur et le Conservateur de la Vie. De bouches en bouches, naissent les Chœurs de la Joie. Ils jaillissent vers le Haut, sur les Marches jaunes du Trône, qui reste inaccessible mais toujours omniprésent et toujours vivant.

La Création vit des profondeurs de cette Source:  Elle est le Saint Graal.

Les Torrents de la vivifiante Lumière jaillissent de Lui dans le grand Tout.  Ils portent le Mouvement et le Développement partout où existe quelque chose de créé.

Sur chaque Marche se tiennent prêts d'autres Gardes qui, à partir de leur Adoration et de leur jubilante Gratitude, reforment un Vase, dans lequel ils recueillent le Flux jaillissant.

Ils sont, eux aussi, agenouillés devant la Sainteté de la Lumière Divine. Ils sont également inondés par le Flot de la Source éternelle, qui, après les avoir traversés, se déverse sur la Marche suivante, dans les autres Mondes.

C'est toujours une Coupe consacrée, faite de Cercles brillants, dans laquelle se rassemble le Flot. Elle est surélevée, sur des Marches claires, visible de loin à tout être vivant et lui envoyant la Vie de la Main de Dieu. Les Torrents de Lumière deviennent plus colorés à leur chute.  Ils se divisent en une infinité de parties, leur Force gagne toutes les extrémités, dans chaque branche, dans chaque petite feuille.

Du bord de la Source, le Courant de Lumière rejaillit, comble les Gardiens et les Veilleurs, qui se tiennent là comme sous une pluie de feu. Ils conservent ce qui leur est nécessaire et transmettent au-delà ce dont les autres Mondes ont besoin pour leur Croissance et leur Prospérité.

Les voyez-vous, dans tous les Mondes, les Coupes sacrées s'embraser dans le Courant de Force issu du Graal? De magnifiques Temples sont édifiés pour elles. Seuls les plus Purs peuvent s'en approcher. En elles, Dieu Se trouve plus proche de la créature.

Lorsque le Ciel s'entrouvre, lorsque le Fils de Dieu S'approche de la Source éternelle, dans les immortelles Hauteurs de Lumière, pour offrir l'Amour du Père à la Création remplie de Gratitude et en Adoration, lorsqu’Il élève de Ses Divines Mains le Calice du Saint Graal, alors la Création, le visage voilé, s'agenouille devant la Sainteté du Seigneur.

Personne ne peut supporter l'éclat qui resplendit alors dans la Coupe éternelle de la Lumière Divine.

Et avec lui, dans tous les Mondes, s'embrasent les Vases des Temples consacrés à Dieu. Ils sont touchés par le Rayon éternel issu des Hauteurs.  Un pur Serviteur de Dieu doit élever chacun d'eux vers le Haut, d'où la Bénédiction arrive. Il doit faire monter sa Prière et s'unir aux implorants Rayons de toutes les Sphères, lesquelles, ainsi qu'un bouquet de fleurs, se tiennent en Adoration aux Pieds de Dieu.

Dans chaque Cercle de la Création et de la Création-Postérieure, l'Endroit le plus sacré est le Temple de la Sainte Coupe, fidèlement gardé et infatigablement veillé. C'est seulement lorsque le Graal s'ouvre et que la Bénédiction se déverse que les Temples sont ouverts à l'Adoration et que les Fidèles peuvent s'en approcher. Des Temples semblables se trouvent dans chaque Partie Cosmique aussi longtemps qu'elles existent. Les Fêtes qui y sont célébrées relient plus fermement les créatures à la Lumière. Elles leur ouvrent un nouveau Chemin vers les Hauteurs de l'éternité.

Jadis sur la Terre, il y avait des Temples de la Lumière dont l'un devait être destiné à abriter la Coupe consacrée.  Ils sont tombés en ruines, depuis que la Terre s'est éloignée de Dieu.

De l'immortelle Hauteur de la Vie, le Plus-Haut vit, sur Terre, l'extinction des Flammes lumineuses. Et un Vase était prêt pour doter la Terre de la Sainte Coupe. La plus grande Joie était ainsi accordée aux esprits humains.  Seul, l'Amour Divin pouvait former un tel Vase et l'envoyer au Secours de la Terre, qui s'enfonçait sans cesse.

Le Vase était pur, d'une Transparence délicate et claire, plus solide que tout ce que la Terre pouvait former. Dans leurs mains bénies par l'Amour, des Anges Le portaient vers les profondeurs sans Lumière. Il contrastait brillamment avec l'obscurité, la noirceur de l'environnement terrestre.  Cependant, à l'insu de tous les êtres humains, Il rayonnait encore, Dieu ayant déterminé le Moment où Il devait de nouveau flamboyer, devenir, pour les alentours, un Signe de Lumière visible, de près comme de loin, et pouvoir ainsi attirer à Lui.

La Lumière éternelle, rosée et blanche, dorée et incandescente, vivait dans la Sainte Coupe. Elle fut, tout d'abord, comme un Bouton de Fleur seulement entr’ouvert vers le Haut, et, son voile de feuilles protectrices étroitement serré autour du germe, elle recevait à flot ce qui lui arrivait des Hauteurs.  Les feuilles lentement, une à une, s'ouvrirent, puis, l'une après l'autre, tombèrent. Largement l'intérieur se déploya, toujours plus largement, feuilles d'un Blanc neigeux, s'ouvrant, à leur tour, successivement et laissant apparaître enfin le Centre d’Or.

Alors la Lumière commença à rayonner irrésistiblement; un Calice d'albâtre, un incandescent Centre d’Or, d'un Parfum divin et d'une Beauté céleste.

Le Vase, ainsi, ne devait-il pas attirer tous les êtres humains?

Sur Terre, l’on ne connaissait plus la Beauté. Depuis fort longtemps déjà, par les êtres humains Elle avait été chassée et avec Elle étaient aussi partis Joie et Bonheur.

Aussi la Beauté du Vase céleste faisait rarement bon effet au milieu de la laideur des êtres humains de la Terre. De façon déconcertante, elle agissait sur beaucoup, les inquiétant même. En Elle reposait la Force de l'Attraction, mais aussi celle de la répulsion. Chacun éprouvait cela, selon ce qu'il portait en lui-même. Avait-il conservé un petit Grain d'Attraction vers la Lumière?  Alors celui-ci, invinciblement, l’attirait vers le Vase, qui, solitaire, étranger, incompris dans l'obscurité de la Terre, déversait ses Rayons. Quant à celui qui s'était rallié aux ténèbres, il le fuyait, chassé par la Pureté de sa Force.

Et, sur la Terre, l'intérieur du céleste Vase commença à bouillonner et à ondoyer. La Force de son puissant et lumineux Contenu ne pouvait s'apaiser, elle poussait à l'action. Les parois transparentes de la Sainte Coupe devenaient toujours plus claires. La Lumière de l'intérieur transparaissait.  Elle se tenait maintenant parmi les êtres humains, encore plus belle, encore plus rayonnante. Elle était ce que les êtres humains, depuis longtemps, longtemps déjà, ne connaissaient plus, elle était sacrée. Une Notion de la Divinité envahissait celui qui, rempli de Respect, s'en approchait. Mais cette Sainteté incitait les ténèbres à des actes mauvais.

à présent, un Temple devait être édifié pour abriter et protéger sur Terre le Vase Sacré, ainsi qu'il en est dans le Ciel et dans tous les Mondes. Un Temple dans lequel pourraient seulement entrer les Purs et les Adorateurs.  Les Prières des êtres humains devaient se réunir en son sein, avec le Flot de Lumière d'En-Haut, lequel, ainsi que des vagues dorées, se déversait dans la Coupe béante.

Les premières Pierres furent posées.  Elles prenaient place, les unes auprès des autres, d'après le Son de la Parole qui, du haut de la Source éternelle, était envoyé dans la densité de la Terre.  Des mains se les transmettaient, les polissaient et les sculptaient là où les saillies le nécessitaient. Bientôt, un Cercle de Pierres se forma autour du Vase Sacré, qui en occupait le Centre.  Des Mains lumineuses lui avaient édifié un Autel, sur lequel il trônait, inexpugnable.

Quelques Chercheurs arrivèrent, attirés par la Force lumineuse de la Coupe Divine. Ils s'agenouillèrent en Adoration, et s'inclinèrent devant la Grâce de Dieu, Qui avait envoyé, dans leurs ténèbres, la Source lumineuse de l'éternité.

La nuit de la Terre était noire autour du seul Point éclairé de ce Monde.  Elle rehaussait l'éclat de la Lumière, qui se répandait autour de la Coupe, ressortait de tout ce qui était du domaine de la Terre, charmait le cœur des Fidèles et le faisait battre plus fort en une impulsion d'indescriptible Gratitude et d’inexprimable Joie.

Et le petit Cercle qui devait un jour former un Temple pour le Sanctuaire sur la Terre grandissait. D’invisibles mains élargissaient si bien les Cercles que des groupes d'êtres brillants s'y introduisaient et venaient renforcer le Rempart qui entourait l'Autel.

Les êtres humains ne perçurent pas les Êtres lumineux, mais ils éprouvèrent de la Nostalgie à la Proximité céleste et la Félicité pénétrait leur cœur. Des Mains lumineuses les soutenaient, de douces Paroles leur étaient chuchotées à l'oreille et devaient les éveiller à la Grâce de la Lumière.

Mais, partout alentour, les Rayons de Lumière se répandaient autour de la Coupe Sacrée. Ils cherchaient où se trouvaient encore des esprits qui attendaient la Délivrance. Insistants, ils se rapprochaient d'eux, les assaillaient, les tiraient hors de leur étroitesse terrestre, les gratifiaient du Pressentiment du grand et divin événement et de la Proximité de Dieu sur la Terre.

De nouvelles Pierres purent s'ajouter aux fondations du Temple.

Les ténèbres ne restèrent pas plus longtemps inactives. Des immondices et des pierres furent lancés contre le Vase Pur, des flèches empoisonnées qui devaient le transpercer furent lancées. Des Mains lumineuses l'en défendirent. Mais des mains impures, par un furieux travail souterrain, soutirèrent des pierres du mur d'enceinte. Les pierres se fendirent et tombèrent en poussière.  Des mains ténébreuses, exultantes, élargirent les brèches et cherchèrent à pénétrer plus profondément à l'intérieur du Temple. Ils réunirent les pierrailles comme leurs meilleures armes et les lancèrent contre la Coupe, qui, indestructible, toujours plus transparente, toujours plus scintillante, s'élevait au-dessus de toute cruauté. Une douleur déchirante étreignait toute la Création, qui devait voir combien le Don de Dieu à l'humanité était maculé et son Temple protecteur dégradé.

Et quelque chose se produisit qui devait émouvoir le Monde au plus haut point. Dans le Flux de la pure Lumière céleste, Qui, toujours aussi forte et puissante, bouillonnait et ondoyait dans le Vase, des Larmes se mêlèrent. De brûlantes Larmes de Sang tombèrent des Hauteurs à l'intérieur de la lumineuse Coupe. Elles remplirent le Vase jusqu'au ras bord. Déjà, les premières gouttes coulaient au-dessus de son bord. Le Flux lumineux dans la Coupe se transforma, de doré il devint rouge de fureur et ondoya tumultueusement, comme s'il voulait détruire le Vase.

Alors une gigantesque Main, descendue des Hauteurs éternelles, s'empara du Vase, et L'éleva, tandis qu'une Voix tonna:

- «Le Présent Sacré du Seigneur est repris aux créatures pécheresses.»

Simultanément, s'élevèrent les Marches, sur lesquelles reposait la Coupe, à une abrupte et inaccessible Hauteur, hors de l'atteinte des ténèbres. Elle trônait, à présent, loin au-dessus de l'enceinte rompue. Les mains humaines ne pouvaient plus l'atteindre et restaient en bas dans les profondeurs.

Mais une Voix, issue cette fois de la Coupe Sacrée, S'écria :

«Qui veut s'élever jusqu'à Moi doit s'intégrer dans le nouveau Cercle,

qui ne sera pas rompu.

Mais, cette fois, le Chemin est abrupt

et aucune Aide ne vous sera accordée.

Réunissez toutes vos forces.

Je suis et Je demeure pour toute éternité.

Qui veut Me trouver, qu'il y consacre sa vie!»

Les pierres brisées s'écroulèrent dans les profondeurs.

à côté se tenaient les Aides lumineux.

Alors, ils prirent quelques êtres humains par la main et escaladèrent péniblement le raide Sentier qui conduisait vers les Hauteurs de la Coupe Sacrée. Tribut après tribut, pas après pas, ils devaient parcourir le Chemin de haute lutte, le conquérir et l'endurer. Les pierres roulaient à la rencontre des voyageurs, souvent leurs dernières forces menaçaient de les abandonner.  Alors, ils levaient les yeux vers le Haut, vers les Créatures lumineuses et une nouvelle Force les animait.

C'était un Combat acharné, à la vie, à la mort. Cela, ils le voyaient. Les ténèbres essayaient de les tirer en arrière et en attirèrent encore plusieurs vers les profondeurs. Cependant, ceux qui restaient fortement accrochés aux Rayons de Lumière étaient à l'abri d'un tel danger et leurs forces croissaient à chacun de leur pas vers le Haut.

Les Rayons dorés de Lumière lançaient dans le lointain des ponts pour les nouvelles âmes humaines. Cherchantes et attirées, elles arrivaient, se rangeaient dans le Cercle des Gardiens lumineux et formaient lentement un nouveau Cercle protecteur, lequel était destiné au Temple inexpugnable pour le Vase Sacré.

Inabordable, inaccessible à l'esprit humain, Il trône, solitaire, sur Sa Hauteur escarpée. Le Flux de la Lumière Vivante se déverse de la Main de Dieu dans la Coupe. Elle fut descendue des Hauteurs éternelles pour, de nouveau, éclairer l’obscurité du Monde coupé de la Lumière. Cette Coupe puise des profondeurs de la Source éternelle, éternellement invincible, éternellement fluante.

L’Univers viendrait à disparaître que la Coupe subsisterait, défendue par la Fidélité et l'Amour. Elle donne la Force de Vie à ceux qui trouvent le Chemin vers Elle, Chemin qui, par la faute des êtres humains, est devenu plus long, plus escarpé et plus pénible. Elle est et demeure jusqu'à ce que Dieu le Père la rappelle à Lui et la réunisse, un jour, à la Source éternelle.

Humanité, puise, dans ce Vase, le Flux de la Vie. Il n'existe pas d'autre Source que Celle-ci. Ouvre-Toi. Infatigablement, à la force du poignet, si Tu veux Te sauver du tourbillon de l'anéantissement, alors, arrive jusqu’à Elle.

 

FIN.

 

- Traduit de l'allemand. –

 „La Voix“, 1937.